Saint Pétersbourg - Chronique d'une solitude annoncée - Jour 6
Samedi
Dernier jour. Je profite des derniers moments et de la mélancolie péterbourgeoise. Je n’aurai pas tout fait, pas tout vu, mais je me serai laissé porter par les jours, les découvertes. Il faudrait revenir en été pour voir d’autres aspects, les palais à l’extérieur de la ville, mais en cette saison la grisaille n’incite pas à arpenter les parcs comme on le fait l’été avec plaisir.
Après une nuit encore agitée, l’étau se desserre dans ma tête. Je m’étais fixé comme objectif, le premier jour, de faire le point sur ma vie, sur cette souffrance que je porte depuis quelque temps et m’obscurcit totalement la tête. Il me fallait cette plongée dans cette ville propice à la pensée et à la méditation. Mon pari semble gagné. J’ai parlé du silence, opposé à l’amour dénié. Ce silence est en fait de plusieurs sortes, mon amour maternel est inaltérable, et le silence n’est pas absolu, il suit des échanges, où je réaffirmais mon amour, mais préférais mettre un peu de distance pour laisser la situation s’apaiser et s’éclaircir. Le silence face à ma situation sentimentale passée était différent, un moyen de ne pas me laisser plonger à nouveau dans des affres dont je ne pourrais pas sortir, un besoin d’affirmer que les mots ne pouvaient plus rien quand ils avaient été l’origine du désastre. Je me posais la question de l’adieu signifié. J’ai franchi le pas, c’est fait, il me fallait la semaine pour y arriver, peser les mots, et la libération commence. Les mots que j’ai posés n’auront peut-être pas de réponse, mais ils sont là et ont dit ce que j’avais besoin de dire. La méditation aura porté ses fruits.
Aujourd’hui, sur les conseils de Tatiana à qui j’avais dit aimer l’art contemporain, j’ai fait une excursion au nord de la Neva, au Musée Erarta. Trajet en taxi, grâce à une application, cela semble le seul moyen de fonctionner ici, et quand tu n’as l’internet qu’en wifi, ça complique un peu les choses. Mais c’est incroyable de voir comme les taxis traditionnels n’existent pratiquement plus, on ne les voit pas sillonner les routes. Pour les étrangers sans internet à disposition, pas facile, alors il faut trouver du wifi dès que possible…
L’entrée du Musée Erarta est étonnante, un grand bâtiment de style classique à colonnes qui abrite une collection d’art contemporain, pourquoi pas. Le plus grand musée d’art contemporain de Russie, disent les dépliants. Des sculptures métalliques ornent la façade.
À l’intérieur, quelques découvertes intéressantes.
Un bureau peint en rose par des projections à la Pollock. Une petite fille qui implose pour se transformer en Saturne et son anneau.
Une installation délirante de Dimitri Kawarga, the model of bipolar activities, destiné à relier cerveau gauche et cerveau droit quand vous appuyez sur les endroits prévus avec vos deux mains. À côté, les messagères de l’espace. Et deux tableaux dont vous ne découvrez l’intérêt qu’en bougeant devant, de Cécile Plaisance, dont seule la vidéo peut rendre compte, le choix de l’hologramme rendant la photo impossible.
Cécile Plaisance, Words : voir la vidéo
Cécile Plaisance, Burqa and diamonds : voir la vidéo
Encore quelques toiles.
Las meninas. Reflection, Andrey Rudyev
Game over, Sergei Latokto Overseas guest, Nikolaï Kopeikin
Shintaro Ohata, Swing against the sunset
Et selfie obligé avant de quitter ce lieu chaleureux et sympathique
Fin de l’après-midi au Lumiere Hall, endroit surprenant d’art contemporain. Une immense rotonde sur les murs de laquelle sont projetées des peintures, des évènements de l’histoire de la ville. Très reposant, vautrée sur un pouf, avec au-dessus de la tête un dôme en pointe, un ancien gazomètre.
Passage par la patinoire des enfants
pour arriver à l’univers des rêves, un voyage de sensations.
Retour par le métro, la première fois où je prends le métro dans cette ville, avec un système de paiement sans contact par carte bancaire très intelligent !!!
Ce soir, diner dans un restaurant que Tatiana me présente comme amusant.Les serveurs et serveuses assurent aussi l'animation de la soirée par leurs chants et danses, très bons. Nous avons même droit à une demande en mariage.
Mon séjour se termine, je prends demain le train pour Moscou, puis je rejoins le car qui nous emmène à Dobroé où se tient la formation à laquelle je participe.
Merci du fond du cœur à tous mes lecteurs et lectrices qui m’ont suivie fidèlement, et m’ont soutenue de loin. La mélancolie pétersbourgeoise m’a aidée dans ma démarche, qui n’était pas simple, me livrer comme je l’ai fait a quelque chose d’impudique, difficile pour moi et certainement parfois gênant pour mes lecteurs. Si j’ai dérangé, choqué, ceux qui auraient préféré une simple chronique de voyage avec photos, je m’en excuse auprès d’eux. J’ai beaucoup apprécié d’être accompagnée par vos lectures, vos encouragements, vos commentaires. L’écriture m’a aidée à penser, à méditer, à avancer, n’est-ce pas sa fonction première.
Et maintenant place au rêve.
A découvrir aussi
- Saint Pétersbourg - Chronique d'une solitude annoncée - Jour 1
- Saint Pétersbourg - Chronique d'une solitude annoncée - Jour 4
- Saint Pétersbourg - Chronique d'une solitude annoncée - Jour 5
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 11 autres membres