lettrines-vivianeyoux.blog4ever.com

Et voilà. Le séminaire est ouvert. Depuis hier soir nous nous retrouvons, ou faisons connaissance, tant de personnes rassemblées, Russes, mais aussi de tant d’horizons différents ! L’atmosphère est un peu particulière, le froid s’est mis en retrait, il y a bien une légère neige au sol, mais rien à voir avec ce que nous étions en droit d’attendre en cette fin de janvier près de Moscou. Mais que sommes-nous venus faire dans cette galère ? Passer une semaine dans cette zone au milieu de nulle part que vous ne savez même pas situer sur une carte… Vous connaissez le nom du hameau, Dobroé (qui veut simplement dire bon) mais ça ne vous avance pas beaucoup pour savoir où vous êtes, juste un pointage Google Maps au milieu des forêts. 

La conférence d’ouverture va commencer. Les officiels sont à la tribune.

Dans la salle, cent-vingt-et-uns professeurs de français venus de toute la Russie, mais aussi d’Algérie, du Maroc, d’Azerbaïdjan, du Kazakhstan et Lituanie, attendent que quelques « formateurs » leur donnent des conférences et ateliers en français ; certains intervenants viennent depuis de très nombreuses années, d’autres, toutes sont plus récents, mais tous participent avec le même intérêt à cette diffusion de la francophonie que les discours d’ouverture valorisent. C’est le XXIX^ème séminaire organisé par l’association russe de professeurs de français, 30 ans l’an prochain, ce n’est pas rien. 

Les intervenants sont au premier rang, ou presque. Arrivés trop tard, ou trop bavards, certains sont repoussés vers les rangs suivants. Ou ont choisi, par coquetterie ou discrétion, de rester au fond. Avant l’ouverture la conversation a dérivé sur la féminisation des professions, de la langue, la place des femmes… Question essentielle quand on observe l’assistance des stagiaires, essentiellement féminine, face à un panel d’intervenants, masculins pour la plupart. Est-ce plus difficile pour une femme de venir de France, d’Europe ou d’ailleurs, donner une conférence et des ateliers ? Ou la pression sociale est-elle toujours la même dans tous les domaines de l’enseignement du français, les femmes comme professeures, en écrasante majorité, et les hommes aux postes de pouvoir ? Peut-être ce séminaire n’est-il pas représentatif, et venir jusqu’à Dobroé représente un effort particulier… Peut-être…

Réaffirmer la présence du français en Russie, ce n’est pas rien. Le français a été la langue officielle des classes aristocratiques jusqu’au début du XX^ème siècle. Les liens sont anciens, depuis Pierre le Grand, créateur de Saint-Pétersbourg. Toujours présent comme une véritable passion pour celles et ceux qui ont décidé de continuer à l’apprendre et le parler, le français est hélas largement devancé, comme partout, par l’anglais. Langue de communication internationale, l’anglais est indispensable ici pour vous débrouiller dans la vie courante quand vous ne parlez pas russe. Mais le français, c’est autre chose, c’est un choix, un plaisir, une passion. C’est la France, qui propose une très grande variété d’actions dans différentes régions de Russie  et de formations en France ; mais pas seulement, c’est aussi la Belgique, qui comparée à la Russie fait penser au village gaulois d’Astérix, ou des Schtroumpfs… 

Après les discours, une remise de palmes académiques, une professeure qui vient du bout du monde, l'extrême bout de la Russie, Sakhaline, une ile proche du Japon.

Puis les chants. D'abord l'hymne de l'association russe, en français, chanté par tous les participants.

Puis un concert de chants en français par des membres du choeur Georges Brassens, qui a une belle notoriété, et des échanges avec la France.

Le soleil est revenu...

Le traditionnel cocktail pédagogique clot la cérémonie d'ouverture. Pour moi un alcool fort pour tenter de soigner ma rhinopharyngite qui après la gorge me monte à la tête. Une bonne sieste, un  médicament donné par un collègue et j'espère est remise d'aplomb pour demain où commencent mes ateliers.

Une journée sage pour commencer...