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Saint Pétersbourg - Chronique d'une solitude annoncée - Jour 3

Mercredi

Saint-Pétersbourg la grise a pris des couleurs, grand soleil, un peu de glace au sol dans les flaques, enfin l’hiver ! Suffira-t-il à chasser le vilain refroidissement que j’ai attrapé avant de partir, qui s’était calmé, et m’a cueillie fiévreuse ce matin, et une toux à déterrer les morts. Je vais commencer tranquille, prendre mon temps, je crois à l’air frais pour me guérir, mais sans exagérer. J’ai rendez-vous à 13h avec Tatiana pour déjeuner, largement le temps avant de faire un tour, longer le canal jusqu’au théâtre Mariisky pour repérer les lieux pour ce soir, et admirer les façades des maisons, toutes plus étonnantes l’une que l’autre. 

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Je termine par le cavalier de bronze, la célèbre statue de Pierre le Grand terrassant un serpent au bord de la Neva. Le grand jour pour les photos !

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IMG_1934.jpgGogol

 

Tatiana m’a invitée dans un restaurant géorgien du centre. Elle adore la Géorgie, et comme antistress, elle recopie le soir des pages d’alphabet géorgien. Elle y est déjà allée plusieurs fois, les Russes n’ont pas besoin de visa pour aller en Géorgie (l’inverse n’est pas possible…) Elle me parle de Saint-Pétersbourg, où elle vit depuis cinq ans ; elle a passé son enfance dans le grand nord de la Russie, là où il faut moins trente tout l’hiver, a étudié à Moscou, puis est venue à Saint-Pétersbourg. Elle me parle de la ville de manière très humaine, une ville qui vous met face à vous-même. Les Péterboursgeois râlent contre leur ville grise, qui manque de soleil, mais quand il apparait toutes les morosités sont oubliées. Ville de la mélancolie, peut-être la saudade portugaise, qui vous aide à penser, à vous repenser. D’autres villes vous submergent, vous étouffent, cette ville ne vous laisse pas vous échapper. Elle en part, mais très vite elle a besoin de s’y retrouver. Et ce qui m’a frappée dans cette ville, contrairement à Moscou, c’est que rien n’est écrit en alphabet latin, la signalétique est partout uniquement en russe, en cyrillique. C’est différent. Tatiana m’explique que le budget pour la signalétique de Moscou est l’équivalent du budget pour le reste de la Russie. Mais finalement, cette incompréhension a du charme. J’arrive toujours à trouver mon chemin, en marmonnant ou en anglais, et dans les cafés et restaurants l’anglais est de rigueur, quelquefois le français, plus rare.

 

Tatiana m’entraine dans une balade dans le centre de la ville, par des chemins que je n’aurais pas pris seule. Elle me montre les traces de boulets de canon sur la cathédrale Saint-Isaac durant les 900 jours du siège de Leningrad durant la seconde guerre mondiale. Beaucoup de trous ont été masqués, certains laissés pour garder trace. Je reviendrai visiter la cathédrale Isaac, aussi imposante quel que soit le côté que vous regardez. Un mastodonte de marbre, mais surtout une forêt sous ses pieds pour ancrer cette masse énorme dans un sol marécageux.

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Je découvre des passages, des entrées sous un autre angle, les énormes Atlantes qui soutiennent la porte du Nouvel Ermitage. Nous passons par des rues détournées, découvrons le théâtre Mikhailovsky, entièrement refait par un mécène russe, l’église du Saint-Sauveur qui vaut bien une visite, plus tard. 

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La particularité des Péterbourgeois, c’est la culture. Ils aiment aller régulièrement au musée, au théâtre, au concert, pas de semaine sans qu’ils aient une ou plusieurs activités culturelles. Et il faut dire que l’intérêt de la ville, c’est que tout est rassemblé, vous êtes toujours à une assez courte distance à pied de tout, sauf si vous voulez sortir de la ville. Idéal si vous aimez marcher, et si vous avez plaisir à admirer de beaux bâtiments à chaque coin de rue !

 

Fin de la balade avec Tatiana, elle me laisse au Musée Fabergé pour retourner travailler. Elle m’avait dit que c’était un petit musée, qui ne prend pas trop de temps et ne me fatiguera pas trop. Grâce à elle, ma santé va s’améliorer, elle m’a emmenée dans une pharmacie, s’est expliquée longuement à la pharmacienne, je suis sortie avec quelques médicaments qui commencent à faire leur effet. Et le Musée Fabergé, donc ! Grandiose. Vous entrez par la salle des œufs, merveille de finesse, c’est ce que vous attendiez, vous prenez le temps d’admirer la délicatesse d’un travail d’orfèvre rare. Et puis vous entrez dans les salles de vaisselle, d’abord l’argenterie, puis la porcelaine en cloisonnés, époustouflant. Une telle munificence, vous savez que cela existe, vous en avez déjà vu des exemples, mais, une fois de plus, vous restez scotché !

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Retour au long de la rivière, ces promenades au bord de l’eau qui rythment la ville. Un peu de repos avant de rejoindre le théâtre Mariinsky. Et je dois dire que je suis atteinte par le syndrome Tatiana, j’aime cette ville, pouvoir me promener au bord de l’eau sans but précis, découvrir à chaque pas une maison ornée de statues, un palais, une église, me dire que j’y reviendrai, je ne reviendrai pas partout, mais je m’offre le luxe de m’imprégner et de découvrir au fur et à mesure.

 

Théâtre Mariinsky, le Prince Igor à 19h. J’arrive un peu avant, le temps de laisser mon manteau et je vais pouvoir entrer dans la salle. Comme au Bolchoï l’an dernier, une émotion m’étreint à voir les plafonds, les balcons, les dorures, et la scène qui a accueilli les plus grands danseurs de l’Histoire. Et cette salle étonnante, aux fauteuils de bois à velours bleu, mythiques, le mien est au premier rang, au centre, et oui, la chance… 

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Je fais connaissance avec ma voisine, Elena, nous parlons en anglais à tous les temps libres, et grâce à elle, j’apprends que ces places de premier rang ne sont normalement pas mises en vente, réservées aux officiels ou aux artistes… Et que choisir le Prince Igor ce n’est pas choisir la facilité, un opéra russe, très russe, avec une musique heurtée, forte, sans concessions. Son originalité vient de la chorégraphie mise au point en 1927, les danses polovtsiennes, qui n’existent nulle part ailleurs. Les Polovstiens étaient des tribus paysannes, des champs comme leur nom l’indique, un peu comme des Tatars. Le décor et la mise en scène joués au théâtre Mariinsky sont uniques, créés en 1954, l’opéra n’est joué que 3 à 4 fois par an, vu le cout que représente le nombre de danseurs, chanteurs, acteurs, sur une scène régulièrement remplie d’une centaine de personnes. Et ce n’est pas la profonde scène du Bolchoï ! Le décor est régulièrement restauré et la grande crainte des Pétersbourgeois c’est qu’un jour on ne puisse plus l’utiliser, et leur Prince Igor en serait dénaturé !!!

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Elena me donne son adresse, m’invite à la contacter si je reviens. Le troisième jour, rencontrer deux Pétersbourgeoises qui m’expliquent tant de choses, en plus de la chance d’assister au Prince Igor dans ces conditions, rien de tel pour me rassurer et m’entrainer dans une douce nuit réparatrice.



23/01/2020
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