Fractions de mémoire
Mémoire des faits, du corps, des affects.
Dans La formule préférée du professeur de Yoko Ogawa, un brillant mathématicien, dont la mémoire a été brutalement brisée par un accident, ne dispose plus que de quatre-vingts minutes de mémoire : il vit depuis dans un perpétuel présent réduit à l'instantanéité et à l'éternel recommencement. Seules les étiquettes attachées à sa veste lui permettent d'organiser ses journées et de « reconnaitre » les personnes qui l'entourent.
Et pourtant quelques lueurs émergent chez ce professeur hors du temps :
- Sa passion magique pour les nombres, qui capte l'attention de sa nouvelle aide-ménagère (la narratrice), seule à résister dans cet emploi et à s'intéresser à lui ;
- Son attention paternelle pour les enfants qui l'amène à protéger le fils de la narratrice qu'il appelle Root (Racine carrée) et à partager son enthousiasme pour le base-ball.
Mais quel sens peut prendre l'amitié quand la mémoire fonctionne par bribes ? Comment intègre-t-il ces nouveaux amis dans son oubli permanent ?
Et l'amour ? Comment aimer quelqu'un dont on ne se souvient pas une heure et demie plus tard ? Reconnait-il cette femme déjà vieille qui le protège dans le dévouement le plus pur ?
Le corps dispose-t-il d'une mémoire plus profonde ? L'amour n'est-il qu'illusion quand la mémoire s'efface ?
La formule préférée du professeur, Yoko OGAWA, Actes Sud 2005, traduit du japonais
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